SAINTE JOSÉPHINE BAKHITA

SAINTE JOSÉPHINE BAKHITA

Depuis l’an 2000, l’Église nous appelle à faire mémoire de Sainte Joséphine Bakhita, et en 2015, le pape François a judicieusement accolé à cette commémoration : la Journée mondiale de prière et de réflexion sur la traite des êtres humains.

Quelle lumineuse initiative ! En effet, lorsqu’on revisite les atrocités – doux euphémisme – liées à l’esclavage, endurées par nos glorieux Aïeux, nous ne pouvons qu’applaudir cette démarche.

C’est un ixième moment pour marteler que le mot « esclavage » doit-être aussi retenu prohibé, tabou, limité d’utilisation, au même titre que le mot « nazi », et bien sûr, ainsi que le mot « blasphème ».

Lorsque j’entends parler d’esclavage des temps modernes : pour un passeport confisqué, pour une jeune fille livrée à la prostitution, pour un travailleur sans salaire, pour une personne privée de liberté (…) évidemment je compatis à toutes ces douleurs, mais aucune, rien, absolument rien ne peut être comparable à ce qu’ont subi nos Ancêtres, dont tous ont été marqués au fer rouge, nombre d’entre eux ont été inhumainement amputés, égorgés à vif, beaucoup pendus, guillotinés ou en sont morts dans d’atroces souffrances.

Bien, aujourd’hui c’est la fête de Joséphine Bakhita, une fête amplement méritée. Je ne vais pas, ici, réécrire in extenso ce que les moteurs de recherche ont déjà largement restitué ; néanmoins, avec la grâce, je vais essayer d’ouvrir le champ des possibilités.

Bakhita, dont le nom de naissance reste inconnu, serait née aux alentours de 1869 au Soudan. Vers 1877 elle est enlevée, à l’âge d’environ 7 ans, pour le compte des esclavagistes.

De son enlèvement, au point d’attache du maître esclavagiste, comme une marchandise, elle est vendue, puis revendue plusieurs fois, paraît-il une 10zaine de fois. 

Elle subit pendant cette période de nombreux mauvais traitements. 

Le traumatisme est si grand qu’elle en oublie son nom de naissance

C’est ainsi qu’on lui donne le nom de Bakhita, qui signifie « la chanceuse » dans sa langue maternelle.

[Lorsqu’on sait avec quel dédain, quel misérabilisme les maîtres esclavagistes attribuaient les noms à nos Aïeux, leurs « choses », forcément le nom attribué à Joséphine n’était – à ce moment là – plus qu’un quolibet, une raillerie, une humiliation de plus, qu’une chance. 

Pour être un tant soit peu positif, on pourrait soutenir qu’après son énième revente, bien qu’elle soit toujours esclavagisée, la chance lui aurait enfin souri, paraît-il son nouveau maître italien lui ferait subir moins de mauvais traitements].

La date du 8 février – date de son décès en 1947 en Italie – correspond à la fête de Sainte Joséphine Bakhita.

La Journée mondiale de prière et de réflexion sur la traite des êtres humains colle parfaitement à cette fête.

Soulignons que Joséphine Bakhita est aussi la patronne des chrétiens opprimés.

Joséphine n’est canonisée qu’en l’an 2000 par le pape Jean-Paul II, soit 53 ans après sa mort.

Elle est canonisée en l’an 2000 par le pape Jean-Paul II ; voilà un extrait de la brillante homélie pontificale : « … L’histoire de sa vie inspire non pas l’acceptation passive, mais la ferme résolution à œuvrer de façon effective pour libérer les jeunes filles et les femmes de l’oppression et de la violence, et pour leur restituer leur dignité dans le plein exercice de leurs droits … ».

Lorsqu’on découvre les horribles actes de féminicides, tant en France hexagonale que dans les DOM, force est d’admettre que Jean-Paul II était un visionnaire … et François, à son tour, avait parfaitement raison d’inscrire la traite des êtres humains, pour ainsi dire : « grande cause ecclésiale ». 

Les Diocèses, tant de France que de l’Outre-mer, si habiles à « populariser » telle ou telle commémoration, seraient bien inspirés de vulgariser : la Journée mondiale de prière et de réflexion sur la traite des êtres humains.

Des questions dont chacun gagnerait à chercher les réponses, dans le silence de son propre cœur ? : 

1)- pourquoi la Journée de prière et de réflexion sur la traite des êtres humains est, à ce jour, si confidentielle ?

2)- François est le 266ème pape à la suite de l’apôtre Pierre, on ne peut s’empêcher de s’interroger : combien de papes d’origine Amérique du Sud, Afrique du Nord et Afrique Noire ont été élus entre temps, sur ces terres où le catholicisme serait, du reste, assez bien implanté ?

3)- pourquoi n’y aurait-il que si peu de saints, si peu de saintes d’origine Afrique Noire ? 

La question qui s’impose à nous tous, qui que nous soyons : comment réparer cette ahurissante différenciation, pour ne pas dire discrimination ?

Eh oui, par notre indifférence, notre neutralité, notre silence, nous avons indirectement permis que l’Afrique – pourtant berceau de l’humanité, des civilisations et des grandes inventions – soit « oubliée », discriminée.  

S’il est bien vrai, incontestablement, qu’il y a moins de saints canonisés dans l’Église, issus du continent africain, il n’en serait pas de même s’agissant des personnes ayant eu une vie de sainteté.

Observons que, depuis un certain temps, le catholicisme, en nette perte de vitesse en Europe, tient encore une bonne position, grâce à la florissante église africaine.  

Rappelons nous, tout croyant est appelé à la sainteté : un saint n’est pas forcément quelqu’un qui a eu une vie de foi exemplaire de A à Z, mais c’est assurément quelqu’un qui, dès lors qu’il a découvert l’Évangile, s’y est scrupuleusement conformé.

Et puis c’est à L’AMOUR manifesté à Dieu et à notre prochain, pendant notre pèlerinage terrestre, c’est sur cet amour là, qu’au soir de notre vie, que chacun sera individuellement jugé.

Dieu merci, de nombreuses causes de béatification – canonisation en provenance du continent Africain sont en cours d’instruction, gageons que ces procédures déboucheront favorablement, incessamment sous peu, et pas après ce temps exceptionnel d’une 50taine d’années, à l’instar de la canonisation de Sainte Joséphine Bakhita.

En ce jour mémoire de notre sœur Joséphine – modèle évangélique de foi simple et de charité – avec une grosse pensée d’amour pour tous les chrétiens opprimés, que le Seigneur Jésus-Christ déverse une pluie de bénédictions particulièrement sur l’Afrique Noire et de manière générale, sur nous tous dispersés sur la Terre mise à notre disposition.

Paroissien observateur 97240

J.Nonone

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