Saint Vincent de Paul

Saint Vincent de Paul
« Apôtre, géant de la Charité »
 
Aujourd’hui [après la solennité du bienheureux Antoine-Frédéric Ozanam*, précurseur de la Doctrine Sociale de l’Eglise, qui d’ailleurs s’est inspiré de l’œuvre de Saint Vincent de Paul] l’Église nous appelle à faire mémoire de Saint-Vincent-de-Paul, « Apôtre, géant de la Charité ». 
 
* Dixit Lionel Jospin ex premier ministre de la France, lors des JMJ de Paris : « … Cet homme de foi, lucide et passionné ne pouvait rester insensible à la misère et à l’injustice sociale. Même s’il ne fut pas pleinement reçu en son temps, son message a une résonance durable ».
 
Saint-Vincent-de-Paul, couramment appelé « Apôtre de la Charité », au vu et au su de sa merveilleuse œuvre, ce prêtre, cette figure du renouveau spirituel – Vincent De Paul – mérite amplement cette honorifique distinction.
 
De nos jours où la Pauvreté gagne paradoxalement et surtout dangereusement du terrain, cette solennité prend encore plus de sens, plus d’épaisseur, plus de justification.
 
Oui, quel paradoxe ! Au moment où les nouvelles technologies permettent, soi-disant, de beaucoup plus produire et de dégager de substantiels bénéfices, il est difficile de comprendre que la Pauvreté gagne du terrain ; c’est à croire que la fameuse loi de l’offre et de la demande s’applique inexorablement, colle au dos des gens d’en bas.
 
À la lumière de mes piètres observations, j’ai acquis la conviction qu’aucune situation n’est immuable. Par voie de conséquence, la Misère, la Pauvreté n’est pas une fatalité. Là où il y a une volonté, il y a un chemin … ici le chemin s’appelle JUSTICE SOCIALE.
 
Rejetons la fatalité. Non, l’Homme n’est pas destiné à être ou à vivre pauvre, misérable, malheureux. Bien au contraire, Dieu a créé l’homme à son image pour qu’il soit heureux, joyeux. Dieu a donné à Abraham, son fidèle Serviteur, une grande descendance, et pour cela Dieu a mis à disposition de Ses Enfants tout ce dont ils ont besoin pour vivre harmonieusement, paisiblement, apostoliquement les uns avec les autres.
 
Ne tournons pas autour du pot, ne nous adonnons donc pas à la phraséologie, à la circonlocution, sortons des constats, une des principales causes de la douloureuse amplification de la Pauvreté c’est la répartition inégale des richesses.
 
Eh oui, comment comprendre à l’heure du siècle des lumières, qu’il y ait toujours un petit nombre extrêmement riche et un grand nombre extrêmement pauvre … l’inégale répartition des richesses : précisément un des combats menés par l’émérite « disciple » de Saint-Vincent-de-Paul, Antoine-Frédéric Ozanam.
 
Ici, je n’entends point restituer l’extraordinaire œuvre de Saint Vincent de Paul « SOULAGER LA MISÈRE MATÉRIELLE ET MORALE » déjà de notoriété publique, mais modestement interpeller les uns et les autres, moi le premier, quant à la misère, la Pauvreté qui frappe à nos portes.
 
Il va s’en dire que si nous continuons à détourner notre regard, à nous laver les mains, tel Ponce Pilate, les Pauvres n’auront pas d’autres choix que de se rebeller, de nous prendre même ce que nous n’avons pas.
 
Nous qui sommes si habiles dans nos p’tites affaires, que pouvons-nous donc faire pour inverser la pénible et cruelle courbe, faire reculer la Pauvreté ?
 
Lorsqu’on constate que, de nos jours, à tort ou à raison, on arrive à arrêter les très populaires matchs de foot, pour ceci, pour cela, pour des sujets souvent d’ordre idéologique, c’est déjà pas mal.
 
Le gaspillage alimentaire, le drame des immigrés dans les eaux européennes, la famine dans le monde, l’injustice sociale, la répartition inégale des richesses [faisons fi des moult agressions sur la Nature, singulièrement l’exploitation insensée des sous-sols, le déboisement intempestif des territoires et son corollaire, le réchauffement climatique, etc.] ne sont-ils pas des sujets d’intérêt général, des causes qui mériteraient l’arrêt des populaires et très médiatiques matchs de foot, de tennis ou autre ?
 
Ne parlons même pas des millions et des millions d’euros ou de dollars découlant des fameux droits de retransmission télévisuelle et au montant des salaires et primes incommensurables versés à une partie des sportifs pendant que des milliers de leurs semblables crèvent de faim [et quel regard porté sur ces dépenses publiques invraisemblables pour des réceptions, des visites à la vitesse de l’éclair de personnalités civiles ou religieuses, pour faire voyager une flamme fusse t-elle olympique …].
 
Entendons-nous bien, les sportifs de haut niveau méritent des salaires confortables, dans la mesure où ils ont bien donné de leur sueur, d’une part et d’autre part, leur carrière n’est pas extensible à souhait ; mais quand même, quand même, lorsqu’on entend les chiffres on en rêve.
 
Que doit-on dire des rémunérations exorbitantes et autres avantages alloués aux gros patrons, alors que ceux-là même qui produisent la richesse, on ne leur verse que des salaires de misère.
 
S’il en était besoin voilà, pêle-mêle, quelques chiffres notamment extirpés des publications de L’INSEE ou des Rapports Parlementaires [souvent on fait dire aux chiffres ce que l’on souhaite, mais il me semble que ces chiffres-là, issus des documents officiels, parlent d’eux-mêmes et tout commentaire serait superfétatoire] :
– TAUX DE PAUVRETÉ
Guadeloupe 34% – Martinique 33% – Guyane 53% – Réunion 42% – France hexagonale 14%.
 
– LES ÉCARTS DE PRIX … LA VIE CHÈRE
En deux mots, les écarts sont considérables, et c’est un doux euphémisme. N’allons pas chercher trop loin l’explication, c’est la conséquence de la « politique de l’exclusif ».
Écarts de prix « produits alimentaires » avec la France hexagonale : Réunion +37% – Guadeloupe +42% – Guyane +45% – Martinique +48%.
 
– NIVEAU DE VIE. Moyenne nationale du PIB par habitant
34000 € dans l’hexagone – 15000 € en Guyane – 22000 € à la Réunion – 23000 € en Guadeloupe – 24000 € à la Martinique
 
– RSA 
Grosso modo 15% dans les DOM contre 5% dans l’hexagone
 
– LA PAUVRETÉ
16 … 23% de personnes sous le seuil de pauvreté dans les DOM contre 6,5% dans l’hexagone.
 
Le constat est posé. Eu égard à la provenance des chiffres, d’une part et d’autre part, à l’augmentation exponentielle de l’indigence [cf. le nombre croissant de repas servis par les Restos du Coeur, le Secours Catholique, le Secours Adventiste, Saint Vincent de Paul …] le constat apparaît incontestable, la bonne question : COMMENT SORTIR DE CETTE LÉTHARGIE, CETTE PAUVRETÉ QUI SEMBLE PÉRENNEMENT S’IMPOSER COMME UNE NORMALITÉ ?
 
Quand bien même les chiffres ne seraient pas actualisés, il y a un baromètre tangible, accessible à tous, et donc indiscutable : la longueur des files d’attente, le nombre de personnes frappant douloureusement aux portes desdites associations, le nombre croissant de repas servis par les associations caritatives sus-nommées.
 
Force est de reconnaître, quoi qu’on puisse dire, tous les gouvernements qui se sont succédés, sans oublier l’investissement des élus locaux, n’ont eu de cesse d’affronter le sujet de la pauvreté.
 
Mais pourquoi s’y sont-ils cassés les dents ? – Ont-ils manqué de courage politique ? – Ont-ils osé prendre la question par le bon bout ? – Ont-ils bien formulé leur demande, frappé à la bonne porte, cherché dans la bonne direction … ont-ils intégré « la bonne personne » dans leur démarche ?
 
La « bonne personne » c’est évidemment JÉSUS. [Jean 16,24 : « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite« ].
 
Eh oui, avec l’Esprit de Jésus, forcément la solution de justice et de vérité – partage équitable des richesses – aurait éclairé, enrichi le débat. Jésus, qui a restitué plus d’un dans leur dignité et nourri à satiété plus d’une foule, avec très peu, soyons-en convaincus, solutionnerait cette pénible question de la pauvreté.   
 
Comparaison n’est certes pas raison, toutefois : toutes les valeurs philosophiques « libertés » farouchement défendues par-ci par-là, c’est bien ; mais au nom de Jésus, avec confiance, ne serait-il pas mieux, ne serait-il pas vital de mener la bataille de la Faim, de la Misère, de la Charité … de la Pauvreté.
 
Ô ! La Charité ! – Deux ou trois versets de BIBLE EN NOUS sur la Charité :
– « Des 7 vertus de l’Esprit, on distingue 3 vertus théologales* : la Foi, l’Espérance et la Charité … la Charité est la plus grande, la Charité est le lien de perfection » – [1 Corinthiens 13,1-13].
 
– « La Charité ne périt jamais. Les prophètes prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra » – [1 Corinthiens 13,8].
 
– « Par-dessus toutes ces choses revêtez-vous de la Charité qui est le lien de la perfection » – [Colossiens 3,14]. 
 
La Charité est la vertu par laquelle nous aimons Dieu par-dessus toute chose pour Lui-même … et notre prochain comme nous-mêmes.
 
* [Une vertu théologale : ce qui guide les hommes dans leur rapport au monde et à Dieu].
 
À quand la Pauvreté, la Misère, la Charité sera élevée – en vérité et en actes – Grande Cause Nationale … et c’est à ce moment-là que la commémoration de la mémoire de Saint Antoine-Frédéric Ozanam, de Saint Vincent de Paul aura vraiment du sens … et c’est à ce moment-là – au Nom de Jésus – la pauvreté reculera, voire sera éradiquée.
 
Paroissien observateur 97240
J.Nonone
27 Septembre 2023
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