L’EHPAD DE LA POINTE COURCHET
Frère, sœur en Christ,
AU CŒUR DE L’EHPAD DE LA POINTE COURCHET – FRANÇOIS – MARTINIQUE
« Centre Hospitalier Ernest Wan-Ajouhu »
Le Centre Hospitalier – EWA du François – a ouvert ses portes en 2013…2016 et regroupe deux établissements, pour ainsi dire distincts : l’Hôpital qui accueille des Patients, d’un coté et de l’autre, l’Ehpad, des Résidents.
[Il y a lieu de souligner que le François a eu l’avantage de disposer de ce type d’infrastructures depuis nan-ni-nan-nan, notamment une Maison de Retraite.
En outre, rappelons nous de la Maternité où nombre de nos amis du Vauclin et des environs sont nés au François].
Un Ehpad : curieuse, sensible institution !
Voilà une institution qu’au sujet de laquelle, de l’extérieur, on croit tout savoir et, de l’intérieur, peut-être par pudeur ou à cause de la mauvaise réputation des établissements plus anciens [cf. Emma Ventura] de gré ou de force, on ne s’extériorise pas, on n’ose même pas en parler, on n’ose pas tirer sur l’ambulance ; comme si que tout doit rester entre les acteurs eux-mêmes.
Et le mot d’ordre pourrait être : ce qui se passe à l’intérieur ne doit pas franchir les murs de l’institution.
Quel dilemme ! Quelle quadrature du cercle ! Quel tracas ! Quel traquenard me suis-je assigné.
Eh oui, c’est une bien difficile expression où assurément chaque mot, chaque phrase sera scruté à la loupe ; c’est vraiment ce que j’appelle : s’exprimer sur le fil du rasoir … je dois donc me garder de ne verser ni dans l’excessif, ni dans la complaisance.
D’emblée avec la puissante inspiration de l’Esprit Saint que mon expression ne vise, ne note, ne juge, ne blesse, ni n’enfonce personne.
Depuis donc ma précédente contribution « La prise en charge du bel ou grand âge », j’ai de nouveau poussé la porte de l’Ehpad à l’effet de me faire une meilleure opinion, quant au vécu des Résidents et évidemment de l’évolution du Personnel Administratif, Soignant et d’Animation.
Entendons nous bien, ce ne sont que des observations à l’instant « T », et absolument pas des déclarations de celui-ci ou de celui-là.
Commençons par le Personnel.
[J’avoue d’emblée que l’exercice est extrêmement délicat car je m’exprime à la louche, au ressenti, au flair, ne disposant de la fiche de poste de quiconque].
Secret de polichinelle, avant même la « guerre sanitaire » l’hôpital en France et dans les DOM était déjà en crise.
Et à ce jour, les Partenaires Sociaux affirment ne pas apercevoir le bout du tunnel ; apparemment on en serait encore loin.
Ainsi, même en n’ayant pas fréquenté Ponts & Chaussées, on peut parler de sous effectif hospitalier, y compris à l’Ehpad de la Pointe Courchet.
Sans verser en comparaison la mission de tel corps de métier, par rapport à tel autre, j’ai acquis la conviction que la mission, la tâche des Aides Soignants est plus prégnante, plus ardue, plus dure, plus contraignante.
Je le dis avec d’autant plus de force et de certitude que, matin, midi ou soir, on ne voit qu’eux – les Aides Soignants – sillonnant couloirs et chambres, prêts à intervenir, à soutenir, à aider tout Résident qui le nécessiterait.
J’ai envie de dire que les Aides Soignants exercent même en dépassement de fonction.
Autrement dit, étant présents 24h/24, en cas de coup de blues d’un des Résidents – du reste, ce qui est fréquent – ce sont eux qui cajolent, caressent, rassurent, apaisent, tranquillisent nos Aînés >>> indubitablement, ce geste nous renvoie l’image d’une mère prenant son enfant dans ses bras d’amour et de confiance.
Et c’est encore les Aides Soignants qui sont en première ligne, face aux Familles. C’est, en quelque part – eux – l’interface entre l’Ehpad et les Familles.
Évidemment quand tout va bien, c’est beau, mais quand il y a un souci, ce sont eux qui assument.
Et c’est à travers cette volontaire et discrète [pour ne pas dire secrète] « immersion » que j’ai pu saisir l’indéfectible lien d’amitié, de fidélité, voire d’amour qui puisse exister, se tisser entre les Aides Soignants, les Animateurs et les Résidents, dont une certaine Résidente qui y était bien avant l’ouverture de la Pointe Courchet.
L’animation : c’est le moins que l’on puisse dire, l’Ehpad du CHEWA est bien animé.
Le ton est donné, dès la décoration de l’accueil où il est exposé nombre d’ustensiles d’antan [moulin à café, coco neg, lampe colman, lampe à pétrole, cafetière, lampion …], ce qui peut stimuler la « mémoire rouillée », ramener les Aînés dans l’ambiance de leur époque ; ça n’a l’air de rien, mais Dieu que nos Aînés s’en délectent.
Il y a une telle variété d’animations qu’on aurait dit que c’est l’œuvre d’une équipe de trois à six personnes ; il n’en est rien, sauf erreur de ma part, une seule personne est affectée à la mission d’animation.
Force est d’admettre que cet Agent d’Animation déploie un trésor d’imaginations pour concocter des programmes de nature à capter l’attention, à attiser la curiosité, activer, aiguiser, éveiller la mémoire des Résidents.
Les activités sont vraiment variées et on peut trouver au programme : des balades, du jardinage, de la lecture, de la production de sketchs, du théâtre, du bricolage, du coloriage, de la peinture, de la cuisine, de la composition d’art floral (…) et en fonction des temps forts calendaires – fête des Mères, fête des Pères, Carnaval … – l’Ehpad peut faire appel à des artistes locaux et non des moindres [cf. Dédé Saint-Prix].
On peut soutenir que tout est mis en œuvre pour que nos Ainés s’y sentent bien, pour amoindrir le courroux du déracinement familial et aider à l’adaptation au nouvel environnement.
Je ne connais très bien la nomenclature des postes hospitaliers, que les Salariés ou Agents m’en excusent.
S’agissant du Personnel de Service, j’ai pu observer que celui-ci aussi est bien au diapason, ces derniers sont tout aussi accueillants, les repas sont servis en toute délicatesse, les sols, les murs, les espaces de jardin sont bien entretenus.
Le Personnel Administratif ou l’Encadrement c’est évidemment le moins visible, mais pas le moins accueillant.
Les rares fois où j’ai pu établir un contact avec celui-ci, j’en suis ressorti satisfait.
J’ai eu le sentiment d’avoir été en contact avec des personnes accueillantes, abordables, avenantes, aimables, rigoureuses professionnellement, soucieuses du respect des règles, maîtrisant leur sujet, donc armées, prêtes à répondre aux questions des Familles.
À la lumière de ma présente contribution, il pourrait s’en dire que tout est beau, tout est bien conçu, tout est bien organisé – Madame la Marquise – à l’Ehpad du François, non, pas du tout, je ne le pense pas.
Ma contribution n’a évidemment pas pour vocation d’être versée dans le débat social, quoi que subsidiairement celui-ci ou celui-là pourrait s’en référer.
Je ne suis qu’un visiteur lambda, occasionnel, souhaitant rester à sa place, laissant donc aux voies autorisées – les Partenaires Sociaux – le soin de s’enquérir des sujets clivants, des sujets qui doivent forcément fâchés.
À toutes fins utiles, rappelons nous la mission que je me suis auto-assigné et ce, dans le cadre bien compris de la prise en charge du bel âge, à la Martinique, au François : découvrir l’établissement – comprendre le fonctionnement de l’institution – les conditions d’accueil de l’institution – observer l’évolution des Résidents – les différents intervenants, rien de plus.
Nonobstant toutes mes précautions, toute ma farouche volonté de rester à ma place, de ne pas me prendre pour un autre, voilà que j’aborde un sujet « poil à gratter », manifestement un sujet de forte crispation sociale, « l’utilisation partagée » du para médical.
Il se trouve que pour résorber, annihiler la crise hospitalière, pour se convaincre de boucher le trou de la Sécurité Sociale, les gens d’en haut n’ont pas trouvé meilleure mesure que de partager le para médical entre plusieurs Ehpad.
C’est ainsi que les corps de métiers [psychologie, diététicien, orthophoniste, kinésithérapeute, ergothérapeute et autres] autrefois affectés sur un seul site respectivement, les missions de ces mêmes spécialistes sont dorénavant partagées [décision que d’aucuns n’hésitent pas de qualifier d’économie bout de chandelle].
Autrement dit le même psychologue, le même diététicien, le même orthophoniste et autres exercent, suivant un planning, sur le François, le Saint Esprit et le Marin [en d’autres termes encore plus simples : 1 seul psychologue pour les 3 sites].
Oui ce sujet concerne les Résidents, donc les Familles, dans la mesure où les Résidents ne peuvent pas en recourir au moment où ils en auraient le plus besoin, sauf par extraordinaire.
Prenons un exemple tout bête : un Résident touché par une crise d’angoisse, au moment, le psychologue est sur un autre site, c’est à l’Aide Soignant qu’échoit la lourde responsabilité, c’est à lui de se débrouiller comme il peut.
Trop souvent, on a tendance à oublier que « Ti Sonson » même s’il peut bénéficier d’une aide de la CTM, toute sa pension de retraite est retenue, confisquée au profit du Trésor Public.
Par conséquent « Ti Sonson » n’est pas un indigent, « Ti-Sonson » – via sa Famille – a le droit d’exiger un service à la hauteur de ses attentes.
S’agissant des Résidents, à les observer, de prime abord, on a le sentiment qu’ils se sont adaptés à leur nouvel environnement, tellement ils évoluent en toute confiance, presque en toute « insouciance, innocence », mais à la réflexion, pas tant que ça.
Là j’ai cru comprendre que quasiment tous, de temps à autre, nourrissent, expriment l’envie de rentrer à la maison, c’est à croire que la mémoire d’un être humain n’est jamais totalement hors service ou hors d’usage.
Ayons la faiblesse de l’admettre : le déracinement de tout Aîné de son cocon ou environnement familial restera une déchirure irréversible, une blessure incicatrisable.
L’entrée à l’Ehpad, ce n’est donc pas une décision qu’on doit prendre à la légère.
Avant d’inscrire tout parent dans un Ehpad, il faut préalablement s’asseoir, réfléchir et – avec la grâce de l’Esprit Saint – explorer sereinement, sérieusement et sincèrement, autour de son premier cercle familial, toutes les possibilités, au premier rang desquelles, le vieillissement à domicile.
Au moment où il aurait été révélé, dénoncé des cas de maltraitances, au sein de certains Ehpad, tant en France qu’en Outre-Mer, même sans être un si grand spécialiste, de mon temps d’immersion au CHEWA, je n’ai pas décelé sur le visage de celui-ci ou de celui-là des signes de stress, bien au contraire, d’un jour à l’autre, j’ai trouvé les Aînés relativement détendus, toujours volontaires et enthousiastes à prendre part aux animations qui leur sont proposées.
Par contre, je crois avoir entrevu une certaine proximité, voire une saine complicité entre les Résidents et les Aides Soignants de l’Ehpad EWA.
On est bien d’accord, la maltraitance des Ainés est un mal sous-jacent extrêmement difficile à déceler … et malheureusement y compris à domicile il peut exister des cas.
Qu’on se le dise, je ne suis pas né de la dernière pluie, je ne suis sacrément pas si naïf que ça, au point de me convaincre qu’il n’y aurait aucun cas de maltraitance au « CHEWA-Ehpad » ou que son Personnel constitue l’exception qui confirmerait une certaine règle, au sein de la profession.
Que nul n’essaye de « m’emmener à la messe les pieds nus » !
Le Seigneur m’a envoyé sur le terrain de la prise en charge du grand âge, ma mission n’est qu’à son balbutiement.
C’est ainsi que je me suis rendu deux ou trois fois au « CHEWA-Ehpad » pour ainsi dire « de manière dissimulée ou en caméra cachée » et je n’ai fait que retranscrire, ci-dessus, mes propres observations de l’instant « T ».
Par conséquent mon humble contribution n’a nullement pour ambition de contredire les coups de gueule ou avis défavorables de certaines Familles des Résidents à l’encontre qui de l’institution elle-même, qui de son Personnel particulièrement ; encore moins de contrecarrer le cahier de revendications des Partenaires Sociaux.
Je voudrais revenir, même brièvement, sur deux acteurs qui, à mon humble vision, mériteraient d’être indélébilement inscrits dans le protocole de soins des Résidents :
– les Représentants des Usagers qui, dans l’ombre, concourent à l’amélioration de l’accueil tant des Résidents que de leurs Familles.
– l’Équipe des Visiteurs de la Paroisse Saint-Michel du François qui, dans le silence, apportent un soutien, un réconfort, une joie extraordinaire aux Résidents.
Je me suis laissé dire que le passage des Visiteurs « Saint Michel » est un moment très attendu de presque tous les Résidents ; dès le matin du jour convenu les Résidents sont dans l’émerveillement, à l’idée de rencontrer les Visiteurs « Saint-Michel » et ils en ressortiraient très joyeux, très réconfortés de leurs rencontres.
Voilà une Équipe – les Visiteurs de Malades – qui mériterait d’être renforcée, avec des personnes, simples, humbles, discrètes >>> paroissien, paroissienne « Saint-Michel » si tu crois réunir ces Qualités, si tu crois avoir la volonté d’y parvenir, n’hésite pas à contacter notre dévouée et charitable sœur en Christ, Marlène Désiré.
Eh oui, on a tendance à ne voir que le médecin et/ou les médicaments, mais je suis convaincu que tout ce qui est de nature à concourir au bien-être tant physique que psychique d’un malade doit être retenu dans le protocole de soins.
Par ailleurs, au moment où les « maladies cognitives » semblent frappées les familles, de manière héréditaire et qu’il faille jouer des coudes pour prétendre à une place en institution, plus que jamais mon humble suggestion est d’actualité >>> L’OUVERTURE – de manière urgente – DE CENTRES COMMUNAUX D’ACCUEIL SANS HÉBERGEMENT DES AÎNÉS.
Là où il y a une volonté, il y a un chemin.
Par exemple, réquisitionner les bâtiments alloués aux Foyers Ruraux, souvent inoccupés la journée.
Comment arrive t-on à organiser si aisément la petite enfance « crèche » pour permettre aux parents de vaquer à leurs occupations professionnelles, pourquoi serait on si réticent, si peu enthousiasmé, si peu ingénieux à organiser l’inverse ?
Et les avantages liés à ces « centres d’accueil sans hébergement » sont palpables : assurer le vieillissement à domicile – permettre aux proches de travailler la journée et de récupérer leurs parents le soir – accorder un répit aux Aidants Familiaux – et ça coûterait moins cher à la Collectivité que la construction ou l’extension de l’existant.
En toute objectivité, de mes premières observations, j’en suis arrivé à la conviction qu’exercer dans un Ehpad et ce, quel que soit le métier, c’est une sacrée vocation.
En effet, il faut savoir écouter, comprendre, supporter et aimer les personnes âgées, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
La critique est facile, mais que l’art est difficile !
Même si ma voix n’est pas la plus autorisée, de tout mon cœur, j’adresse mes plus vifs encouragements à tous les Agents de l’Ehpad CHEWA qui, jusqu’à preuve du contraire, font montre de professionnalisme et surtout d’amour envers nos Aînés.
Qu’il me soit permis de demander à chacun d’eux de « rester en tenue de service, leur ceinture autour des reins et leurs lampes allumées » à coup sûr Jésus, à son retour, s’en souviendra.
Je rends grâce au Seigneur de m’avoir envoyé sur ce terrain si difficile et si sensible.
Convaincu que le Dieu que je cherche à servir, Celui de Abraham, de Jacob et de Isaac est un Dieu d’amour, de bonté et de miséricorde, avant même que je n’ouvre la bouche, je sais qu’il est à l’œuvre, rien ne Lui est impossible et il agit déjà quant à l’amélioration des conditions d’accueil de tous les Résidents au sein des différents Ehpad de la Martinique et d’ailleurs.
Tout est grâce dans l’obéissance, la persévérance, la patience … la confiance en Jésus qui nous affirme « chaque fois que nous l’avons fait à l’un de ces plus petits qui sont ses frères, c’est à Lui-même que nous l’avons fait » >>> sans plus tarder AIMONS, VISITONS, RÉCONFORTONS nos Aînés, qu’ils soient de notre Famille ou pas.
Paroissien observateur 97240
J.Nonone
Samedi 08 Juin 2024