LE MARCHÉ DE LA MORT … LE MARCHÉ DU GRAND ÂGE

LE MARCHÉ DE LA MORT … LE MARCHÉ DU GRAND ÂGE

Affirmons-le haut et fort, à temps et à contretemps : LA LONGÉVITÉ DE VIE, LE GRAND ÂGE C’EST DON DE DIEU [Dt 5,33 / Eph 6,1-4 / Ex 23,25-26 / 1Rois 3,14-16 / Proverbe 10,27 …].

Face à notre piètre culture, à nous cathos, de « religion de la discrétion », il va s’en dire que si nous nous taisons, si nous ne témoignons pas de cette vérité, les pierres crieront.

Il m’est apparu d’une impérieuse nécessité d’affirmer cette réalité, car, de gré ou de force, l’homme de la rue a tendance à n’attribuer – la longévité de vie, l’élévation de l’espérance de vie – qu’aux seuls progrès de la médecine. 

Quand bien même qu’il en serait ainsi : Qui donne aux médecins la capacité, la possibilité de mieux soigner les malades, n’est-ce pas Jésus, le plus grand médecin du monde !

Oui, c’est Jésus, Celui qui a guéri plus d’un en présentiel et à distance, là où la médecine humaine s’est cassée les dents, s’est avérée inopérante … et Jésus a même guéri, pour ainsi dire, par procuration [cf. la guérison du serviteur du centurion – Mt 8,5-13].

Et que peut faire un médecin d’ici-bas, fusse t-il le plus renommé du monde, sans le souffle de vie !

Et aujourd’hui, que faisons-nous, comment gérons-nous ce don, cette grâce, cette bénédiction gracieusement et généreusement accordé ?

Arrêtons-nous d’abord sur le fameux marché de la mort. Quoi que la mort soit, de nos jours encore, un sujet relativement tabou, il nous est donné de constater qu’un véritable « marché » s’est développé autour de ce sujet pourtant – confidentiel – au sein de nombre de familles.

Force est d’admettre que la question « post-mortem » est gérée, aux Antilles, au fil de l’eau, donc pas de manière anticipée, mais au moment où on y est confronté et ce, dans la quasi-totalité des familles ; ceci peut expliquer cela : le nombre croissant d’indivisions, source quelquefois de graves conflits familiaux, pouvant conduire jusqu’à l’irréparable. 

Si le marché de la mort ne semble plus faire débat [cf. la concurrence, la compétition, la rivalité plus ou moins saine ou exacerbée entre les entreprises de pompes funèbres, entre les fleuristes, entre les magasins d’objets funéraires …] aujourd’hui on assiste béatement à un véritable « marché du grand âge ».

Aussi, dans ce fameux marché de la mort, on désigne aisément du doigt, les acteurs énumérés ci-dessus, mais que dire des établissements financiers qui rivalisent d’ingéniosité – malheureusement plus commerciales qu’humaines – pour capter ce dit marché, cette manne, ce flux financier !

Au passage, on peut regretter que les « tontines » – véritable structure populaire, solidaire et à taille humine – très en vogue, à l’époque de nos grands-parents, soient tombées en désuétude.

 

Ô ! Le marché du grand-âge !

L’Afrique, la Martinique est souvent décrite pays à la culture de l’oralité, mais dans ce nouveau marché émergeant, plutôt sous-jacent – celui du grand-âge – on a tendance à cultiver la culture du non-dit ; pas à pas on découvre le fossé entre les éléments de langage et la réalité de terrain.

Ne dit-on pas : « Sé kouto sel ki sav sa ki en tjè jiwomon – Sé lè ou ka tjenbé manch pwel la ou konnet wotè konba’w, ou ka sav si y chô si y fret ».

Eh oui, c’est lorsqu’on est concerné, lorsqu’on met les mains dans le cambouis, on découvre toutes les zones d’ombre du système, toutes ces subtilités, toutes ces incohérences, toutes ces contre-vérités.

C’est le moins que l’on puisse dire, la crise hospitalière est bien là, bien plus profonde qu’on ne l’avoue, qu’on ne l’imagine.

Comment en être surpris que l’ARS soit brusquement revenu sur un choix de terrain, quant à la reconstruction de l’établissement de Trinité ; choix pourtant validé, par toutes les parties, il y a des années !

On aura beau masquer, maquiller cette crise, elle revient, tel un boomerang, au visage de tout potentiel Usager ; devant la criante insuffisance de moyens tant humain que matériel, l’admission d’un patient – surtout en ehpad – devient un véritable parcours du combattant, un vrai et pénible chemin de croix et ce, que ce soit pour la famille que pour le malade.

Face à cette persistante crise, on a le sentiment que tout est mis en œuvre – en sourdine – pour contraindre les familles à garder leurs aînés à domicile ; on a la curieuse sensation d’une coalition des forces dirigeantes, tant gouvernementales qu’autochtones, afin que les admissions se fassent au compte-gouttes, certains pourraient même dire : à la tête du malade.

Ô ! La garde des malades à domicile. Quel statut, quelle reconnaissance pour les Aidants Familiaux souvent livrés à eux-mêmes et dans leur inexpérience sont usuellement plus vite atteints du fameux syndrome d’épuisement que les malades eux-mêmes ?

En outre, en n’attribuant que quelques heures à une auxiliaire de vie, pour un patient atteint de la fameuse maladie d’Alzheimer, par exemple, comment le patient peut-il s’en sortir tout seul ? – Après on est tout étonné d’entendre la disparition de telle ou telle personne.

Eu égard à ce tableau déprimant et par trop inhumain, nombre d’enfants n’ont pas d’autres choix que de se « sacrifier » pour être aux côtés de leurs parents, en dépit de leurs incompressibles charges familiales, concomitamment avec leurs revenus revus à la baisse. 

Et dire que ce n’est plus un secret pour quiconque, de gré ou de force, la Martinique est vieillissante.

Au fait, ne serait-ce pas un beau sujet de philosophie : le grand âge bénédiction ou malédiction ? 

Le vieillissement de la population semble être un sujet qui s’invite, depuis belle lurette, à toutes les sauces, mais, de mes yeux d’observateur et de ce qu’il me revient, on est encore bien loin d’apercevoir le bout du tunnel, si tant est qu’on l’aurait en vérité emprunté.

Lorsqu’on parle du vieillissement, inexorablement les regards se tournent vers la Collectivité Territoriale de Martinique. 

Même auprès de cette Institution, prétendument humaine, il est très difficile d’introduire un dossier, voire d’obtenir une réponse.

Les familles lambda doivent passer par la case CCAS et là le parcours commence. Lorsque l’assistante sociale et le service d’action sociale ne se renvoient pas mutuellement le dossier … et lorsque le dossier parvient enfin à la CTM, de notoriété publique les délais d’instruction sont connus.

On nous bassine à longueur d’année, la Martinique est vieillissante, on peut raisonnablement présumer de la quantité de dossiers à traiter sur les bureaux de la Collectivité. 

Secret de polichinelle, soumettre un dossier à ces Organismes exige du temps, de la patience, des nerfs d’acier [cf. les moult coup de cœur/coup de gueule sur les ondes] faisions fi des pièces égarées d’un bureau à un autre où c’est encore la famille qui est mise à rude contribution.

Dieu merci, fort heureusement, on peut rencontrer ici et là, des exceptions qui viennent néanmoins confirmer la règle ; oui, au sein des Organismes ou Collectivités il y a des Agents – denrée extrêmement rare qu’on peut compter sur les doigts d’une main – qui sont empreints d’humanité.

Forcément le jour viendra où il faudra se poser les bonnes questions : à quoi ça sert, toutes ces grands-messes : colloques, conférences, semaines nationales, plans quinquennaux sur le vieillissement, et patati et patata, est-ce pour faire de la phraséologie, se faire plaisir ou pour mieux distraire, détourner le regard, anesthésier le peuple d’en bas ! 

Quelle quadrature du cercle ! : Le vieillissement augmente de manière exponentielle / le nombre de places ou de lits en ehpad est très limité, sélectif ou insuffisant.

Ne nous voilons pas la face, il y eut un fleurissement des maisons de retraite et/ou d’accueil des personnes âgées, mais le ticket d’entrée est-il à la portée de la grande majorité de notre laborieuse population ; même à l’heure du grand âge ne serions-nous pas en train de fortifier le fossé de la discrimination. 

Si nous n’y prenons garde, notre pays risque de devenir non pas le pays des revenants, mais le pays des riches retraités, des riches personnes âgées.

Et il me revient qui dans les établissements hospitaliers publics, qui dans ceux du privé, il y a une, voire plusieurs piles de demandes d’admission qui s’amoncèlent sur les bureaux des décideurs.

Eh oui c’est la dure et pénible réalité à laquelle sont confrontés les familles et les malades.

Pourquoi s’interdire de soutenir que les familles sont quasiment livrées à elles-mêmes.

Mais oui, même notre « culture antillaise » autrefois si humaine, si solidaire, est aujourd’hui européanisée, mondialisée.

Au prétexte de modernisation : tout est numérique, tout est plate-forme, tout est télétransmission, tout est déshumanisé … et un danger imminent guette l’Homme, s’il n’est pas maîtrisé, l’intelligence artificielle.

Exit le temps du « médecin social » : hier on était médicalement, humainement accompagné, aujourd’hui où la médecine est exercée, montre à la main et facture quasiment prépayée, c’est au patient et sa famille de chercher, quémander une place dans un ehpad.

C’est dur de l’avouer, mais on est presqu’arrivé à nourrir silencieusement le macabre souhait, celui du décès d’un résidant pour prétendre à une place, au bénéfice de son aîné, surtout en ephad.

Dans tout ce désert, dans toute cette absence d’accompagnement – Dieu merci – nous les Usagers disposons d’une « pomme d’eau ou d’un mangot vè » pour la soif/faim : le Représentant des Usagers.

Encore faudrait-il le solliciter ! Entendons-nous bien, ne rêvons pas, il ne résoudra pas tous nos problèmes, mais au moins on a là en face de soi, un interlocuteur, une personne en chair et en os, pas un automate ; en quelque sorte une oreille attentive, qui peut nous guider, nous aider, nous réconforter dans nos démarches.

On peut, en toute objectivité, soutenir qu’eu égard au manque d’accompagnement et à l’inhumanité de la prise en charge du grand âge ou du bel âge, la présence, l’appui, le soutien du Représentant des Usagers arrive comme une réelle oasis tombée du ciel. 

Notre secours – recours est dans le Nom du Seigneur.

Tout est grâce dans l’obéissance, la persévérance, la patience … la confiance en JÉSUS le Christ notre Rédempteur, notre Sauveur.

Paroissien observateur 97240

J.Nonone

Lundi 15 Janvier 2024

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