HISTOIRE DE LA PAROISSE DU FRANCOIS

800px-1742_Covens_and_Mortier_Map_of_Martinique_-_Geographicus_-_Martinique-covensmortier-1742

CHAPITRE I :   NOTION DE PAROISSE

Paroisse signifie, un groupement d’habitations, c’est-à-dire le territoire sur lequel s’exerce l’ensemble des fonctions, des charges d’un curé.live streaming film After the War 2017

Le territoire du François, d’après une carte de la Martinique qui se trouve aux archives nationales, datée des environs de 1665, montre en descendant le long de la côte Sud-Est, plusieurs « baye », dont une « baye de François » avec un village Caraïbes… Ce prénom conservé jusqu’à nos jours, était un prénom Chrétien qu’avaient adoptés, selon une coutume signalée par les chroniqueurs, les « capitaines » chefs de villages caraïbes, à la suite de leurs contacts avec les Jésuites.

C’est vers l’an 1680, que furent constituées les premières paroisses.

 

CHAPITRE II :   CREATION DE LA PAROISSE DU FRANCOIS

Vers 1687, la côte Sud-Est fut considérée comme « inhabitable à cause des brisants ».

Toutefois, plusieurs colons vinrent s’installer au bord de la baie du François (nommé : Cul-de-Sac), sur ces terres encore vierges.

Dont, un groupe de trois jeunes gens Carbétiens, devenus beaux-frères :

  • Gabriel de Lavigne de Grandval (1er Capitaine du quartier du François), marié à Marie Anne Jourdain du Bois.
  • Jacques Joyeux marié à Marigot Marie Jourdain du Bois.
  • Gabriel Jourdain du Bois, né à Case-Pilote, fut installé une sucrerie au François dès 1690.

Le révérend Père Labat fut envoyé aux habitants du Cul-de-Sac, le mardi 14 décembre 1694. Et nous explique ci-après la création de la paroisse, (d’après un extrait de Jacques PETITJEAN ROGET) :

Comme le « quartier commençait à se peupler », nous dit le Père Labat et comme « il est très beau et très étendu, il y avait apparence qu’il serait bientôt rempli d’habitants dès qu’il y aurait un curé résident ». Gabriel de Lavigne de Grandval, Capitaine du quartier « pressait beaucoup pour qu’on fit cet établissement mais il ne se pressait point du tout d’y contribuer, ni d’offrir le terrain qui était nécessaire ». Chacun des plus riches habitants « voulait la paroisse dans le voisinage de son habitation, mais pas un ne la voulait chez soi ». Finalement Jacques Joyeux, dont l’habitation était en grande partie éloignée de la future paroisse, offrit un bout de « terrain à condition d’avoir le premier banc dans l’église et de n’être point obligé de cotiser pour la construction des bâtiments ».

Le Comte de Blénac, Gouverneur Général, décida de constituer une paroisse qui serait confiée aux Pères Jacobins (Dominicains) et d’édifier une église avec sa maison curiale, son jardin, la savane du curé et l’emplacement du cimetière. Son représentant à Trinité, Le Correur de Mareuil, fut chargé de diriger l’opération avec l’aide du curé de Trinité, le Père Martelli. Celui-ci étant brouillé avec le Lieutenant du Roi, le Supérieur des Dominicains désigna le Père Labat pour accompagner Mareuil, ce qui nous a valu un récit détaillé et plein de verve.

Le lieutenant du Roi et le Père Labat, partis en canot du Cul-de-Sac Robert, arrivèrent le lundi 13 décembre 1694 à la rivière du François…

Gabriel de Lavigne de Grandval avait fait bâtir chez lui une petite chapelle et c’est là que le lendemain, le Père Jacobin dit la messe, puis harangua les habitants du quartier réunis, leur disant la nécessité de créer une paroisse sur place, le desservant du Robert ayant « assez d’affaires chez lui pour l’occuper tout entier, outre que les chemins en terre étant presque impraticables, surtout dans la saison des pluies, ils seraient obligés d’aller le chercher et le reconduire dans leurs canots, ce  qui ne pourrait se faire sans déranger beaucoup le travail de leurs habitations ». Il leur « proposa les offres de M. Jacques Joyeux et la justice de ses prétentions ». Il leur exhorta à prendre une décision en profitant de la présence du Lieutenant du Roi venu tout exprès et assurer « que chacun pouvait dire son sentiment avec toute sorte de liberté » et que « si quelqu’un se trouvait en état de faire des offres plus avantageuses que celles de M. Jacques Joyeux, on les écouterait avec plaisir ».

« Il y eu », écrit Père Labat, « quelques légères contestations ». Certains s’étonnaient que M. Jacques Joyeux, l’un des habitants les plus aisés, fut exempté de participer aux frais de la construction alors qu’au Robert voisin, M. Monel avait donné son terrain sans contrepartie. Le Jacobin dut expliquer que « le terrain était sur les 50 pas que le Roi se réserve autour des Iles »… dont il «accorde la jouissance … à ceux qui ont le terrain qui est au-dessus » mais « se réserve toujours la faculté de le reprendre quand il lui plaît ou quand le besoin le demande… M. Jacques Joyeux n’était pas dans ce cas là. « Finalement, on accepta les conditions de M. Jacques Joyeux qui « donna tout le terrain nécessaire pour l’édifice de l’église et du presbytère, pour le cimetière et le jardin du curé, avec le droit de mettre deux chevaux du curé dans sa propre savane. L’acte fut dressé et signé, après quoi on procéda à l’élection d’un marguillier qui fut le sieur Gabriel de Lavigne de Grandval. Tous les habitants se cotisèrent eux-mêmes pour la dépense de ces bâtiments avec beaucoup de générosité et donnèrent leurs billets au nouveau marguillier ».

Le Père Labat nous raconte alors, comment il fut passé à la réalisation sous sa direction : « nous fûmes après dîner visiter le terrain ; je le choisis à côté du ruisseau. Je marquai avec des piquets le lieu de l’église, du cimetière, de la maison curiale et de son jardin, M. Jacques Joyeux nous laissant maîtres de son terrain. En attendant qu’on pût bâtir l’église, on convint qu’on se servirait de la salle de la maison curiale pour y dire la messe et qu’on commencerait le bâtiment incessamment. Cependant, on fit une croix de bois pour planter dans le milieu de l’endroit destiné pour le cimetière et on se pressa de faire une petite chapelle de fourches en terre, palissadée de roseaux et couverte de paille, où, en cas qu’il vînt quelque religieux avant que la maison fût faite, il pût dire la messe sans incommoder M. Gabriel de Lavigne de Grandval. On travailla dès ce moment et le lendemain, les habitants pressèrent si bien l’ouvrage, que cette chapelle longue de 26 pieds et large de14 (8m60 X 4m60), fut achevée le jeudi au soir, et le cimetière presque renfermé avec une lisière de bois immortel ».

« Le vendredi matin, je bénis la croix et la plantai. Je bénis aussi la chapelle ; j’y dis la messe et communiai beaucoup de personnes. On fit marché avec des charpentiers pour la maison curiale à laquelle on devait donner trente-six pieds de long sur dix-huit pieds de large (11m90 X 5m90). Ils devaient la rendre parfaite dans six mois. Je fus fort content des habitants de cette nouvelle paroisse : ils apportèrent des tapis d’indienne pour tapisser la chapelle et donnèrent de la toile pour faire des nappes et les autres linges nécessaires à une église. Ils prièrent le marguillier de faire une collecte chez eux pour acheter les vases sacrés et des ornements parce que ceux dont je m’étais servi appartenant à M. Gabriel de Lavigne de Grandval».

La chapelle construite en bois fut dédiée à l’Archange Saint Michel et son premier curé fut désigné en mai 1697. Elle fut reconstruite en 1726. Elle était alors en forme de croix avec deux chapelles latérales, l’une en l’honneur de St François, l’autre à la Vierge. Vers cette époque, la paroisse comptait quatre-vingt-dix feux et trois mille quatre cent âmes.

 

 

 

Les commentaires pour cette publication sont clos.