Nomination dans notre Paroisse

Nominations dans notre Paroisse

 

Frère, sœur en Christ

LES RÉAFFECTATIONS DES PRÊTRES

Depuis un certain temps, à pareille période, c’est le sujet qui agite notre Communauté Chrétienne Catholique ; tout au moins je parle de ce que je crois connaître, la Martinique.

Et ce n’est un secret pour personne, les journaux d’informations, toutes tendances et/ou actualités confondues, sont en nette perte de vente ; manifestement avec l’avènement exponentiel des NTIC la nouvelle génération n’accorderait pas autant de temps à la lecture sur support papier.

Et les rares journaux d’informations subsistant – qui à l’échelle hexagonale, qui à l’échelle locale – ont considérablement, drastiquement réduit la voilure.

C’est le moins que l’on puisse dire, notre évêque David Macaire, qui maîtrise très bien les techniques de communication, a offert une belle aubaine, une excellente opportunité, une merveilleuse bouffée d’oxygène au Journal Diocésain « Église en Martinique ».

Eh oui, sachant la très forte attente – doux euphémisme – que suscitent les réaffectations, notre évêque aurait intimé l’ordre à tous les prêtres qui ont pris part à la récente retraite spirituelle de n’absolument rien laisser filtrer des réaffectations, histoire d’accorder la primeur des annonces au Journal Diocésain.

De mémoire des « Ravettes Légliz » jamais ledit Journal « Église en Martinique » n’a été aussi attendu.

Et ce qui devrait arriver, arriva.

Même si, dans la matinée du Samedi, certains paroissiens aux bras longs ont pu se procurer du précieux sésame.

Aux portes des Églises, à l’occasion des Messes Dominicales anticipées du Samedi soir, c’était, pour ainsi dire, la ruée vers les réaffectations.

Parait-il que cet ixième numéro se serait arraché comme des petits pains ; les préposés à la vente du journal se sont même interrogés quant à l’extrême maigreur de leurs stocks pour leurs fidèles « clients » du Dimanche. 

Est-ce nécessaire de dire que les répétitions de chants, prélude à la célébration, sont passées par-dessus la tête des paroissiens, préoccupés à prendre connaissance et à commenter furtivement au sujet des réaffectations.

Et maintenant que les clameurs se sont tues, essayons d’appréhender la question des réaffectations en elles-mêmes, tout au moins >>> comment seraient elles vécues ici et là.

Quoi qu’on puisse dire, les réaffectations ne seraient pas vécues dans la plus grande quiétude par tous les prêtres, loin de là.

Avec la bouche, on aura beau dire qu’on est dans l’obéissance, on a été préparé, on est missionnaire et patati et patata, cette période amène nécessairement du stress, de la montée d’adrénaline.

Il ne faut surtout pas perdre de vue qu’un prêtre est avant tout, un être humain ; c’est vrai il a été préparé, éduqué, formé, formaté pour l’exercice de la mission, mais il y a des réflexes humains que rien ne peut effacer.

En effet, le prêtre est amené à découvrir son lieu de mission, après avoir fait le tour du propriétaire, il rencontrera forcément les paroissiens, et au fil de l’eau se noueront, se tisseront des liens, des relations humaines dont certains induiront de la fraternité, de la solidarité, de l’amitié, de l’affabilité.

Et nous fidèles du François, à chaque fois qu’il est question de réaffectations de prêtres, inexorablement nous revient en mémoire le pathétique et douloureux déplacement de feu père Bruno Latour.

Comment peut on oublier les « coups de gueule » y compris sur les médias qui s’en sont suivis, ne parlons même pas d’une certaine désertification des bancs paroissiaux, paraît-il pour marquer leur mécontentement, nombre de paroissiens ont suivi le prêtre déplacé et d’autres ont tout bonnement changé de Paroisses.

Et régulièrement il nous revenait que notre prêtre vivrait très mal son déplacement.

Apparemment l’abbé Bruno Latour ne se serait jamais adapté à son nouvel environnement, le « gros poil » d’avec « ses » paroissiens du François – ne parlons même pas de l’église-bâtiment : son beau bébé qu’il a accompagné, inauguré, porté sur les fonts baptismaux – lui était vraiment indigeste.

Et quand soudainement le fatidique jour de son rappel arriva, nombreux avons-nous porté cette subite disparition, cette séparation d’avec nous, sur le compte de la réaffectation, oubliant la souveraineté des décisions du Maître de la vie, du temps, des horloges et de l’histoire. 

Naturellement ce douloureux événement influença, n’arrangea pas la cause de l’adaptation du prêtre nouvellement nommé – père Jacek – sur notre Paroisse.

Fort heureusement ce dernier avait une assez bonne connaissance du Pays, avait laissé une très bonne image partout où il a localement exercé, avec son dynamisme, son charisme, sa gentillesse, sa claire vision des choses, la puissance de ses homélies, son attrait pour les NTIC, son cœur ouvert à toutes les composantes des paroissiens : Aînés, Adultes, Jeunes et Adolescents [à son époque les Servants d’Autel sont montés jusqu’à 120 éléments, on dénombrait + de 60 groupes paroissiaux en activité] je crois qu’avec la grâce, il s’en est bien sorti.

C’est le moins que l’on puisse dire, l’acclimatation de père Jacek n’était pas gagnée d’avance, d’autant que certains n’ont pas manqué de méchamment s’attaquer à son intonation, jusqu’à laisser entendre qu’ils ne comprenaient rien de ce que disait le prêtre.

Avec la grâce de Dieu, et le temps ayant fait son œuvre, de l’avis de nombre de paroissiens, père Jacek serait en tête du hit parade des prêtres les plus appréciés, les plus aimés qui auraient servi sur la Paroisse du François.

[Cf. cet exemple parmi tant d’autres, qui en dit long : jamais pèlerin sur les traces de Saint-Jacques de Compostelle n’aurait été autant suivi par les followers d’ici ; faisons fi des nombreuses églises familiales ouvertes lors du Covid au moyen des Messes webtélé].

À la lumière du désaccord, de la réticence ou de l’indigeste adaptation du prêtre du François qui avait été nommé sur la Paroisse de Bellevue, ne se poserait-elle pas la question de la préparation psychologique du déplacement ?

Ô ! Les réaffectations. Ça n’a l’air de rien, pour certains c’est même normal, mais c’est bel et bien un acte fondamental de gestion humaine.

Force est de constater, de même qu’une parole peut offenser, blesser, tuer, il en est de même pour toute réaffectation dénuée de compassion, d’humanité, d’amour.

Sans me montrer si moraliste, ni plus vertueux qu’un autre, qu’il me soit permis de conseiller aux uns et aux autres de se garder de s’approprier de toute mission et/ou de tout service qui leurs seraient confiés car, tôt ou tard, l’heure de la passation de pouvoir, de la transmission sonnera.

S’il est bien vrai qu’un prêtre reçoit, dans le cadre de son parcours de formation, les outils nécessaires, de nature à résister à l’isolement, aux coups de blues, aux diverses tentations, aux déplacements, aux médisances (…) il n’en demeure pas moins vrai que, le jour effectif venu – notamment lors des déplacements – il se pourrait que ce ne soit pas du tout la même histoire, la même musique.

Voilà deux ou trois proverbes qui pourraient résumer cette probabilité :

« Sa mel ka di lè anlè branch, sé pa sa i ka di lè i atè, douvan djol an fisi ».

« Au pied du mur qu’on voit l’ouvrier ».

« Sé kouto sel ki sav sa ki an tjè jiwomon ».

« Celui qui tient le manche de la poêle qui peut dire s’il est chaud ou froid ».

En des termes plus simples : c’est lorsqu’on est réellement confronté à une situation qu’on peut savoir comment on va réagir.

Par ailleurs, avec le précieux apport [hormis le fameux remplaçant des 3Îlets] de prêtres, de culture différente de la nôtre, la meilleure astuce pour accueillir, accepter un nouveau prêtre : ne pas regarder, s’arrêter à l’homme ou au messager, mais au message diffusé, professé, La Parole de Dieu.

Et n’oublions jamais : l’homme, le messager peut toujours changer, mais Le Message, La Parole est immuable, éternelle.

Dieu merci, de nos jours, de ce qu’il me revient, nous paroissiens d’ici et d’ailleurs, nous semblons nous « familiariser » avec les déplacements de nos prêtres ; nous nous serions inscrits dans une phase d’acceptation, mais pas forcément dans un oubli ipso facto du passé, surtout si ce passé était passionnant, joyeux, fructueux, empreint d’humanité et de sincérité.

[Outre le déplacement des prêtres, il y a un autre domaine avec lequel on se serait tout doucement familiarisé, la mort.

Quoi que là, c’est la foi qui serait en train de progresser, croire que si nous faisons la volonté de Dieu, nous pouvons nourrir une chance, un espoir, une espérance d’être ressuscités avec Jésus]. 

Dans ce processus d’acceptation des déplacements, il faut tout de même regretter que père Jan, notre bon et doux Curé soit trop rapidement enlevé à notre affection et ce, bien avant le terme de son contrat initial.

En effet, père Jan a commencé sa mission au François, en Août 2022, or, sauf erreur ou omission, depuis la prise de fonction de l’actuel archevêque, les prêtres sont nommés pour 3 ans, renouvelable une seule fois.

Ce propos est tout aussi valable pour père Narcisse, même sans connaître les termes de son contrat, il commençait à être apprécié, aimé par nombre de paroissiens.  

[Vraiment le Seigneur est à l’œuvre. Sans me prendre pour un autre, j’ai acquis la conviction que le Seigneur inspire mes modestes expressions.

Au moment même où je rédigeais cet article, je reçois un message d’une paroissienne d’à côté, m’avouant, au sujet des réaffectations : « On obéit mais on aurait pu nous laisser le père Luciano une année de plus »].  

Puisque les prêtres sont déplacés avant même l’échéance de leur mandat, dorénavant, faudrait-il considérer que la fameuse période de 3 ans est caduque, mystère et boule de gomme.

Quoi qu’il en soit, il y a lieu de souligner, cette année, l’effort de communication déployé par le Diocèse qui a bien voulu expliciter les différentes réaffectations ; même si certains lecteurs s’en affranchiront probablement. 

D’ores et déjà, remercions tous les prêtres qui sont impactés, de gré ou de force, par les réaffectations, qu’ils poursuivent leur mission avec autant de conviction, de dévotion, d’humilité et de fidélité.

Souhaitons la bienvenue à tous les nouveaux réaffectés ici et là, que leur adaptation à leur nouvel environnement ne soit pas trop ardue et que la mission soit toujours conduite pour la plus grande gloire de notre Seigneur Jésus-Christ.

Tout est grâce dans l’obéissance, la persévérance, la patience … la confiance en Jésus le Christ qui seul peut nous aider à accueillir, à accepter, à nous adapter à nos nouveaux bergers. 

Paroissien observateur 97240

J.Nonone

Mercredi 26 Juin 2024 

 

 

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