La prise en charge du bel et grand âge

La prise en charge du bel et grand âge

Avec le vieillissement inéluctable de la population dû à l’augmentation de l’espérance de vie, la prise en charge du grand et bel âge « âge d’or » devient un élément crucial, voire vital.

On est bien d’accord, le processus du vieillissement existe depuis la nuit des temps, mais on aurait dit que, de nos jours, en dépit de ce qui est appelé évolution, la gestion, la prise en charge est autrement plus problématique.

Et il n’y a pas débat, tout parent, tout père ou mère de famille aspire à vivre et vieillir à domicile.

Le domicile ou maison familiale dont la plupart des parents ont tellement trimé pour le construire ; domicile édifié à la sueur de leurs fronts, et quelquefois au prix de très grands sacrifices.

Le domicile – fruit de toute une vie – c’est normal, naturel et humain que son propriétaire veuille y vivre et y vieillir.

Toutefois, dans la vie on se heurte souvent à la terrible évidence, à cette fameuse dichotomie du « bien vouloir mais ne pas pouvoir ».

Sans conduire d’enquête scientifique, il apparaitraît qu’autrefois nos Aînés vieillissaient mieux, d’ailleurs il n’y avait pas autant de médecins et professions annexes dans les Communes et nos Aînés ne s’y rendaient que très peu ; est-ce à soutenir que nos « rimèd razié » étaient autrement plus efficaces !

Et qui n’a pas entendu cette douce complainte : « on vit plus longtemps mais dans quelle condition ».

S’il est bien vrai que l’espérance de vie a sensiblement augmenté – par la grâce de Dieu et les progrès de la médecine – il n’en demeure pas moins vrai que certaines maladies, dont les troubles cognitifs, guettent de plus en plus nos Aînés.

Qu’appelle t-on troubles cognitifs ?

Selon le Larousse : les troubles cognitifs, également connus sous le nom de troubles neurocognitifs, sont caractérisés par une baisse des facultés dans un ou plusieurs domaines de la cognition. Ils peuvent toucher la mémoire, la capacité à apprendre de nouvelles informations, ou encore la résolution de problèmes.

À la lumière de cette définition, et avec cette vie trépidante que nous menons, assaisonnée de la dégradation de l’environnement, on comprend mieux comment on en est arrivé là.

Dès lors, le vieillissement à domicile devient extrêmement compliqué, utopique.

Secret de polichinelle, avec les politiques migratoires successives, la Jeunesse Martiniquaise est expatriée dans l’hexagone et ailleurs, par voie de conséquence, nombre de parents sont livrés à eux-mêmes ; ainsi, il n’y a pas trente six solutions que le vieillissement en institution.

Dieu merci, il y a encore quelques enfants vivant localement, mais combien acceptent de quitter leur zone de confort pour venir vivre avec maman ou papa ? Ou combien prennent leur mère ou leur père chez eux ?

Faisons-fi des taties et tontons plus ou moins « isolés » qui doivent se débrouiller quasiment seuls, avec tous les risques annexes. 

Du plus profond de mon cœur, un grand woulo bravo pour les Aidants Familiaux dont certains vont jusqu’à démissionner de leur boulot.

Un grand coup de chapeau pour les Auxiliaires de Vie et les Infirmiers qui, quelquefois, sont les seuls visites ou visiteurs de nos propres Aînés. 

Face aux difficultés, voire à l’impossibilité de vieillir à domicile, l’alternative ce sont les maisons de retraite, publiques ou privées.

[Évidemment, avant d’envisager la maison de retraite, d’autres solutions pourraient être envisagées : la mise à disposition d’un auxiliaire de vie en permanence ou l’ouverture de centres communaux d’accueil sans hébergement de nos Ainés.

Eh oui, nombre de Municipalités sont fières de fêter leurs 100tenaires, mais combien d’entre elles osent explorer la question de la prise en charge].

L’admission à ces institutions – privées ou publiques – a un coût vraiment pas négligeable. [Idem pour la mise à disposition d’un auxiliaire de vie].

Ne nous faisons pas la grimace, ne nous racontons pas des histoires, Ti Sonson ne peut pas, d’emblée, être admis dans une maison de retraite, à cause de l’élitiste et sélective barrière « argent ».

Fort heureusement, Ti Sonson peut nourrir un espoir [rien qu’un espoir car on présume que l’enveloppe dédiée à cet effet n’est pas extensible à souhait, donc quota annuel limité] d’être éligible, à la faveur de la quote-part, de l’aide apportée par la CTM, aux familles modestes.

Outre la crise hospitalière persistante contraignant les dirigeants à fermer des lits, le nombre de places est largement insuffisant, alors est-ce nécessaire de décrire le parcours du combattant pour y accéder !

Dans tout ce chemin de croix – Dieu merci – les familles peuvent bénéficier d’un très précieux soutien moral, celui des Représentants des Usagers.

C’est quoi ? C’est qui ?

Je n’irai pas jusqu’à emprunter le fameux proverbe « Nul n’est censé ignorer la loi » mais qu’il m’en soit tout de même permis.

Oui, c’est affiché, mais encore faudrait-il se rendre dans les locaux de l’institution. 

C’est ce que j’ai fait, en me rendant au Centre Hospitalier Ernest Wan-Ajourhu de la Pointe Courchet – François « Ehpad ».

Malencontreusement c’est lorsqu’on est personnellement concerné, qu’on cherche à comprendre une problématique.

L’heure ne serait-elle pas venue de changer de paradigme !

Qui que nous soyons, il faut se convaincre qu’on est tous concernés par le vieillissement de la population ; d’ailleurs nul ne peut échapper à ce processus physiologique : « Jeune aujourd’hui, Vieux demain sDv ».

Soyons donc à l’écoute des émissions audio-visuelles, revues spécialisées ou autres supports traitant de la question du grand ou bel âge, spécialement de l’altération des fonctions cognitives.

Puisque c’est un dispositif de notoriété et surtout d’utilité publique, nommons les Représentants des Usagers :

-les sortants : Marie-Claire Clémentia, feue Solange Arinne, Miguel Chamoiseau et Georges Clodion

-les actuels : Guiliano Lagin et Serge Jandia.

L’Ehpad de la Pointe Courchet est un « établissement – bâtiment » relativement récent certes, mais souvenons-nous : le François a été, de très longue date, doté d’une maison de retraite ; anciennement dénommée « Asile des Vieillards puis Hospice des Vieillards … aujourd’hui Ehpad ». 

C’est le moins que l’on puisse dire, la Pointe Courchet est un établissement à taille humaine, bien ventilé, bien desservi par les transports, bercé par l’air marin du Sud Est, les Résidents en chambre individuelle, voire personnalisée, avec jardin attenant et un très bel espace d’animation. 

L’Ehpad, initialement conçu pour recevoir 50 lits dont 14 en unité d’hébergement renforcé, avec la crise hospitalière, probablement l’établissement ne serait pas au maximum de sa capacité d’accueil.

Les aides soignants apparaissent très dynamiques, très aimables, très disponibles, très investis ; gageons que ma furtive observation reflète la vérité du terrain.

En matière d’accueil des personnes âgées, le territoire franciscain n’en est pas trop dépourvu ; outre l’Ehpad de la Pointe Courchet, il existe un autre établissement « privé » au lieu-dit La Croix et même quelques maisons d’hôte. 

Il m’a été donné de découvrir, entre autre, une salle polyvalente, couramment désignée « Salle de Culte ».

Cet espace est notamment utilisé par notre Communauté Chrétienne Catholique, au moyen de la Messe chaque 1er Vendredi du mois à 10h00. 

Outre l’Office Religieux, au sein de notre Paroisse Saint-Michel, nous avons une belle et joyeuse Équipe de Visiteurs des Malades, ils sont sur le terrain le Mercredi de 15h à 17h00 [tout paroissien qui souhaiterait renforcer l’Équipe des Visiteurs, prière s’adresser à Marlène Désiré].

Je saisis volontiers cette occasion à l’effet de féliciter et d’encourager chaleureusement chacun des membres de l’Équipe des Visiteurs, des bénévoles volontaires, charitables et dévoués, travaillant, évoluant dans l’ombre, sur cette mission extrêmement importante, lorsqu’on sait que certains Résidents ne reçoivent peu ou prou de visites familiales.

ATTENTION : l’Ehpad ne doit pas être une voie de garage ou un moyen de se « débarrasser » de nos Aînés, c’est précisément là qu’ils ont besoin de l’amour de chaque membre de la famille.

Oui, c’est quasiment leur seule et ultime chance de stabiliser ou de stimuler leur mémoire, de ressasser plutôt les bons moments de famille, dans un univers qui leur est complètement nouveau, étranger … ne serait-ce que le temps de l’adaptation, l’acquiescement « forcé » du déracinement.

Je forme le vœu fort que cette modeste expression, quant à la prise en charge de nos Aînés, puisse inciter chacun de nous autres à changer nos regards sur le vieillissement, à changer nos cœurs de pierre en cœur d’amour, de charité, de vérité.

Nous qui sommes si habiles dans nos p’tites affaires, sachons être imaginatifs afin que Jésus, à son retour, n’ait pas à nous reprocher de ne l’avoir pas visité, quand il a été malade. [Mt 25,31-45]

Et si, dans un élan d’amour, de charité, de solidarité intergénérationnelle, nous – Associations, Écoles, Groupes Paroissiaux – nous prenions la ferme résolution d’assurer une permanence de la visite à nos Mémoires Vivantes, que la joie serait immense dans le ciel.

Puisse, en ce jour où l’Église fait mémoire de la VISITATION de la Bienheureuse Vierge Marie [Luc 1,39-56] qui que nous soyons, nous nous engageons à VISITER au moins une fois par semaine, au moins un seul Aîné, dans une maison de retraite !

Tout est grâce dans l’obéissance, la persévérance, la patience … la confiance en Jésus qui nous affirme que chaque frère ou sœur malade qu’on a visité, c’est à Lui-même qu’on l’a fait.

Paroissien observateur 97240

J.Nonone

Vendredi 31 Mai 2024    

Les commentaires pour cette publication sont clos.